Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Pauline Julien 
Aussi connue sous --  
Naissance 1928-1998   
Carrière professionnelle 1957-1998   

En plus de quarante ans de carrière, celle qu'on a surnommée La Passionaria du Québec aura été témoin de nombreux bouleversements qui ont marqué l'évolution de la chanson, de la culture et de l'histoire de son pays.

C'est d'abord le goût du théâtre qui l'attire vers la scène et l'amène à se rendre à Paris pour s'y perfectionner, au début des années 50. Pendant ce séjour en France, elle découvre les nombreuses boîtes et cafés de la Rive-Gauche où fleurit une nouvelle chanson qui se veut libérée des artifices du music-hall et de la vie bourgeoise, tout en traduisant les aspirations nouvelles d'une jeunesse en rupture avec le passé. Chez ces existentialistes, la littérature, les arts et les relations humaines priment sur les codes sociaux et les traditions. Côté chanson, les auteurs compositeurs les plus appréciés y sont Boris Vian, Léo Ferré et quelques auteurs issus du domaine théâtral comme le tandem Berthold Brecht et Kurt Weill. Pauline y fait ses premiers pas de diseuse et de chanteuse puis rentre à Montréal où, à partir de 1958, elle se fait connaître au cabaret Le Saint-Germain-des-Prés, fief de la chanson française dans la métropole canadienne.

Durant les quelques années qui suivent, elle se partage entre le théâtre, la chanson et la télévision où elle participe pendant trois ans à l'émission pour enfants La Boîte à Surprises. L'arrivée des années soixante est marquée par un vent de renouveau, tant sur le plan politique que chansonnier. D'un côté, la société connaît une véritable Révolution tranquille, au sortir de la période duplessiste, et de l'autre une nouvelle génération d'auteurs compositeurs assure la relève des pionniers d'une chanson résolument québécoise. Pauline Julien ne reste pas insensible à tout ce bouillonnement de création et ajoute bientôt à son répertoire des oeuvres de Jean-Paul Filion, de Raymond Lévesque et de Gilles Vigneault.

En 1962, elle est parmi les premiers artistes québécois de sa génération à endisquer pour la maison Columbia, aux côtés des Claude Gauthier, Claude Léveillée, Jacques Blanchet et Gilles Vigneault. Deux ans plus tard, c'est avec une chanson de ce dernier, intitulée "Jack Monoloy", qu'elle se mérite le deuxième prix au Festival de la chanson tenu à Sopot, en Pologne. C'est le début d'un nouveau rayonnement pour la chanson québécoise et d'une renommée grandissante pour l'interprète.

Les choses se précipitent en 1965, alors que Pauline est animatrice de l'émission Mon pays, mes chansons, diffusée à la télé de Radio-Canada. Elle se mérite le trophée de la Meilleure diseuse au Gala des Artistes, et enregistre un album complet de chansons de Raymond Lévesque "Pauline Julien chante Raymond Lévesque" sur la nouvelle étiquette québécoise Gamma. C'est aussi cette année-là qu'elle fait la manchette en refusant une invitation à se produire devant Sa Majesté Elizabeth II, reine d'Angleterre et... du Canada.

À partir de 1966, les allers-retours entre le Québec et l'Europe se font plus fréquents pour Pauline Julien. Elle y effectue une tournée remarquée en compagnie de Georges Brassens, devient une des premières artistes occidentales à se rendre en U.R.S.S., en 1967, puis elle rentre au pays pour enregistrer sa "Suite québécoise" entièrement consacrée à ses pairs auteurs compositeurs. Cet album lui vaudra éventuellement le Grand Prix 70 de l'Académie Charles Cros. Quelques mois plus tard, elle sera du nombre des centaines de citoyens mis sous arrêt pendant ce qu'il est convenu d'appeler les événements d'octobre sous le seul prétexte de ses prises de position publiques en faveur d'un Québec indépendant. Loin de l'intimider, cet affrontement renforcit ses convictions politiques et l'amène à participer aux rassemblements de solidarité populaire "Poèmes et chants de la résistance" tenus dans les mois suivants.

Entre temps, celle qui se fait elle même peu à peu créatrice de chansons se classe - ironie du sort - de plus en plus souvent aux palmarès, suite à ses collaborations avec l'auteur Michel Tremblay "8 heures 10" ou certains de ses musiciens: Jacques Perron "L'étranger", "Eille", Gaston Brisson "Comme si" et François Dompierre "L'âme à la tendresse". À partir de 1973, ses albums adoptent une thématique de plus en plus féminine, voire féministe. "Allez voir, vous avez des ailes" (1973), "Licence complète" (1974), "Femmes de paroles" (1978), "Mes amies d'filles" (1979) et "Fleur de peau" (1980) contiennent tous des appels à l'accomplissement personnel et collectif de celles qui représentent "La moitié du monde...". En 1985, l'Académie Charles Cros lui décerne une nouvelle fois le Grand Prix du Disque pour son album "Où peut-on vous toucher?" paru l'année précédente. Une intense complicité se développe alors avec l'auteure compositrice et interprète française Anne Sylvestre, dont Pauline a fréquemment interprété certaines chansons, notamment "Tu n'as pas de nom" et "Une sorcière comme les autres". Les deux artistes montent un spectacle en collaboration avec la poétesse Denise Boucher qui sera présenté au Québec et en Europe pendant plus de deux ans, sous le titre Gémeaux croisés.

En plus du théâtre et de la chanson, Pauline Julien aura aussi apporté sa contribution au cinéma en étant de la distribution des films Bulldozer de Pierre Harel, La mort d'un bûcheron de Gilles Carle et de quelques autres productions moins remarquées. S'étant retirée de la vie fébrile du spectacle au début des années quatre-vingt-dix, elle aura eu le temps de se rendre participer à une mission humanitaire au Burkina Faso et de s'adonner à l'écriture romanesque avec son ouvrage Il fut un temps où l'on se voyait beaucoup, paru chez VLB quelques mois avant son départ d'une vie bien remplie, à l'automne 1998.

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