Monsieur Pointu

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Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Paul Cormier 
Aussi connu sous Monsieur Pointu  
Naissance 1922-2006   
Carrière professionnelle 1938-2006   

Le nom et la silhouette du célèbre violoneux ont fait le tour de la planète depuis 1970. Mais si on remonte un peu plus loin, on constate que le musicien qui a donné naissance à ce personnage était déjà actif sur la scène musicale depuis au moins trois décennies. Adolescent, il faisait déjà danser la famille et la parenté lors de noces et autres soirées familiales au milieu des années trente, avec un premier violon fabriqué par son père. Par la suite, tout en occupant différents métiers, Paul Cormier apprend la guitare et chante les chansons à la mode qu’il entend à la radio, sur les ondes de stations lointaines. C’est ainsi que le bluegrass et la musique hillbilly viennent s’ajouter aux airs folkloriques qu’il a appris au contact de musiciens de son entourage.

À 17 ans, on le retrouve parmi les invités de l’émission musicale numéro un à Québec: Les Montagnards Laurentiens. Il y participe fréquemment jusqu’à ce qu’on le convoque pour servir dans l’armée canadienne, en 1942. Démobilisé à la fin de la guerre, il s’installe dans la région de Chicoutimi où sont déménagés ses parents et travaille à la fonderie d’Arvida. Toujours aussi passionné de musique, il perfectionne son jeu, participe comme principal invité à une émission intitulée L’Écho des chantiers à la station CBJ de Radio-Canada à Chicoutimi et forme bientôt un duo avec son frère Aurèle. Paul ne délaisse pas le violon pour autant et se mérite le titre de Champion violoneux des quatre comtés (Lac Saint-Jean, Chicoutimi, Charlevoix et Saguenay) en 1950.

De retour à Québec, il emporte le premier prix d’un concours d’amateurs tenu au Colisée de Québec ainsi que la grande finale qui se tient un peu plus tard à Montréal. Les frères Cormier se produisent sur les scènes des théâtres et dans les clubs de nuit de ces villes et présentent un répertoire qui consiste surtout en musique country américaine. Le duo de guitaristes-chanteurs prend fin en 1955 lorsque Aurèle se joint à un groupe se produisant en Abitibi

Paul de son côté s’oriente définitivement vers une carrière instrumentale. Ajoutant de nouvelles cordes à son bagage musical, il apprend la contrebasse. Cet instrument est très en demande dans la seconde moitié des années cinquante et lui permet d’accompagner plusieurs artistes comme Roger Miron, Léo Benoit. Passant avec une grande facilité de cet instrument au violon ou à la guitare, il se joint aux tournées des plus grandes vedettes du western canadien: Marcel Martel, Paul Brunelle et Willie Lamothe en tête, lors de périples à la grandeur du Québec, des Maritimes et de la Nouvelle-Angleterre. Il séjourne d’ailleurs un certain temps aux Etats-Unis de 1965 à 1967, période au cours de laquelle il se joint au groupe Joe Mayo and His Ramblers. Revenu au Québec au moment de l’Expo 67, Paul Cormier se produit avec son propre ensemble pendant trois ans à l’Hôtel Lafayette, coin Christophe-Colomb et Maisonneuve, à Montréal.

Un tournant majeur attend le musicien au mois de mai 1970. Gilbert Bécaud, qui prépare une tournée au Québec, est à la recherche d’un violoneux pour accompagner une nouvelle chanson qu’il veut intituler "La vente aux enchères". Le chanteur auditionne alors plusieurs instrumentistes mais il recherche précisément quelqu’un qui ait de la facilité pour l’improvisation tout en lui donnant la réplique sur le plan vocal. Son choix se porte sur Paul Cormier et les deux hommes entreprennent aussitôt de créer un personnage facilement reconnaissable que l’on identifie dès son entrée en scène. C’est ainsi que naît Monsieur Pointu: chapeau melon, chandail à col roulé et une immense fleur à la boutonnière de son veston. Il accompagnera le Monsieur 100 000 volts du music-hall français pendant plusieurs tournées, dont deux tournées mondiales qui les mèneront sur les cinq continents, entre 1970 et 1978.

Entre ses tournées avec Gilbert Bécaud, Monsieur Pointu se produit au Québec et enregistre six microsillons. Le premier album, si on excepte un obscur long-jeu datant de 1965 qui était demeuré plutôt confidentiel et allait ressurgir un peu plus tard, est produit par l’équipe de Bécaud (Productions du Rideau Rouge). Le violoneux s'y révèle un instrumentiste de haut calibre et un compositeur inspiré: "Reel pizzicato", "Le crépuscule". Le musicien y chante aussi quelques chansons de sa composition comme "Le vrai bonheur" ou la coquine "Viens dans les bois" ainsi que la romance "L’un dans l’autre on est heureux" que lui confient Maurice Vidalin et Jacques Datin. Monsieur Pointu y improvise aussi ce titre inclassable et unique en son genre "Ote tes raquettes & embarque dans mon char", sans oublier une version instrumentale de "La vente aux enchères".

À partir de 1973, ses fans ne tardent pas à remarquer que Monsieur Pointu se présente sous deux formes différentes, selon les circonstances. Le personnage de scène qu’on retrouve pendant la chanson en duo avec Bécaud arbore chapeau et costume noirs, tandis que le musicien qui se produit en salle, avec ses propres musiciens, est vêtu de blanc. Avec le microsillon "Reel de l’oiseau moqueur", paru cette année-là, Monsieur Pointu s’impose comme l’interprète de référence de ce reel au Québec. Tout l’album, où les airs anciens alternent avec de nouvelles compositions du célèbre violoneux, s’avère d’ailleurs un classique de la musique traditionnelle dansante. La face B du microsillon est entièrement consacrée à une "Danse carrée en trois parties" incluant sa propre "Danse carrée Pointu", callée par l’incomparable Pierre Daigneault.

L’année suivante, Monsieur Pointu est l’objet d’un film d’animation de l’O.N.F. qui remporte des premiers prix lors de nombreux Festivals de films d’animation (Londres, Genève, San Antonio, Bilbao). Le film Monsieur Pointu se voit aussi diffusé en 1975 lors de la soirée de remise des Oscars où il est encore une fois en nomination.

S’il se joint à cinq reprises aux tournées de Gilbert Bécaud, Monsieur Pointu accompagne aussi d’autres artistes, lors de sessions d’enregistrement en studio, dont Claude Dubois. On retrouve aussi son violon sur l’inoubliable succès de Raôul Duguay "La bittt à tibi" et il assure la première partie de la tournée inter-provinciale de Ginette Reno en 1976. Il anime aussi, le temps d'une saison, une série télévisée intitulée Monsieur Pointu S.V.P. sur les ondes de Télé-Métropole. Un problème cardiaque l'amène à ralentir ses activités professionnelles à partir de 1982 et il occupe une partie de ses loisirs en s'adonnant à une autre forme d'expression artistique: la peinture.

À l’ère du DC, Monsieur Pointu reprend les chemins du studio d’enregistrement pour deux albums intitulés "Le folklore et ses légendes", en compagnie de l’accordéoniste Denis Côté, en 1994 et 1996. On le retrouve bientôt sur scène pour une tournée à travers le Québec au cours de laquelle il accompagne Alexis le Conteur. La redécouverte des bandes d’un album méconnu, enregistré en 1978, est l’occasion d’une réédition intégrale, vingt ans après la date prévue, sous le titre "Monsieur Pointu en rappel" avec l’ajout de quelques nouvelles pièces instrumentales.

Tout en se produisant avec ses musiciens réguliers, le violoneux continue de répondre aux nombreuses invitations des artistes qui ont recours à ses services. En 1997, il se rend participer à un nouvel enregistrement de Gilbert Bécaud, à Enghien-les-Bains, en France, et tous les deux se retrouvent sur la scène du nouvel Olympia, à Paris, pour la réouverture officielle de la salle du Boulevard des Capucines, en novembre 1997. Peu après, Monsieur Pointu était l’invité d’Isabelle Boulay lors de son nouveau spectacle dans la métropole et participait à une prestation d’Éric Lapointe au Spectrum de Montréal en 1999.

Au début des années 2000, à l'initiative du producteur Jean Beaulne, Monsieur Pointu fait l'objet d'une rétrospective discographique intitulée "Le violon qui chante" et d'un documentaire du même titre relatant sa carrière. En juillet 2002, lors d'un spectacle en hommage à Gilbert Bécaud - décédé quelques mois plus tôt - et dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, il interprète une dernière fois "La vente aux enchères"; la voix qui lui donne la réplique est alors celle de Laurence Jalbert. Tout en continuant de se produire en de nombreuses occasions, le musicien se préoccupe de la relève et lance le concours Découvertes de Monsieur Pointu qui donne leur chance à de jeunes interprètes de se produire en public, notamment aux éditions 2005 et 2006 du Salon des Générations, et dont les lauréats ont l'occasion de se trouver sur disque en février 2006. Déjà malade, le musicien octogénaire recevait la Médaille de l’Assemblée nationale au printemps 2006. Il aura maintenu sa passion jusqu'au bout, avant d'être emporté par un cancer quelques jours plus tard, le 7 juin.

On peut avoir un aperçu du dernier projet de l'artiste en visitant la page Web des Découvertes de Monsieur Pointu .