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Debussy vu par...

Collaboration spéciale de Jean-Marc Gaudreau

5 avril 2006 (QIM) – Mercredi dernier, Yoav Talmi nous avait concocté un programme musical inhabituel, mais fort original, avec un seul artiste au programme, Claude Debussy. Considéré comme l'un des grands musiciens du XXe siècle, ce compositeur français a beaucoup écrit pour le piano et peu pour l'orchestre. Trop peu même, au goût de certains chefs d'orchestre, qui ont eu l'idée de transcrire en version symphonique quelques-unes de ses compositions pour le piano. Yoav Talmi avait sélectionné sept de ces oeuvres que nous avons pu entendre dans leur version originale et dans leur transcription pour orchestre. Nous étions invité à jouer les Pâris et à prendre plaisir à choisir la version la plus belle, pour chacune des oeuvres.

Je crois bien que l'assistance s'est prêtée de bonne grâce à ce jeu. Pour ma part, j'ai bien aimé découvrir la transcription de la suite pour piano "Children's Corner" dans la version orchestrale d'André Caplet. Mais dans l'ensemble, c'est la version originale pour piano qui a eu ma préférence, les grandes masses sonores de l'orchestre ne parvenant pas, selon moi, à bien rendre toute la finesse et le raffinement de l'écriture particulière de Debussy. D'autres prétendront le contraire et c'est très bien ainsi. Chacun était invité à porter son propre jugement.

Pour lui prêter main-forte dans son entreprise, M. Talmi s'était adjoint les services du pianiste mexicain Arturo Nieto-Dorantes et de la comédienne Francine Ruel. Cette dernière nous a lu des extraits du recueil de poèmes en prose de Pierre Louÿs, "Les chansons de Bilitis", ceux-là même qui avaient inspiré à Claude Debussy ses "Six Épigraphes antiques", pour piano quatre mains. Ce soir-là nous avons entendu ces épigraphes dans la version symphonique du chef d'orchestre suisse Ernest Ansermet. J'ai trouvé fascinant d'entendre ces pièces dans une version peu fréquente et de découvrir simultanément les textes qui les avaient inspirés.

Pour les autres oeuvres au programme, tel la "Tarentelle styrienne", la "Soirée dans Grenade", la "Sarabande" et le "Children's Corner" nous avons eu droit à la version originale piano, interprété par Arturo Nieto-Dorantes et à la version orchestrale dans les transcriptions de chefs d'orchestre aussi remarquables que Maurice Ravel, Henri Busser, André Caplet ou Léopold Stokowski. La "Petite suite", écrite pour piano 4 mains, aura permis au Maestro Talmi de se joindre au pianiste mexicain pour nous livrer une interprétation toute empreinte du plaisir de ces deux artistes à jouer de connivence.

Somme toute, une très belle soirée de découverte, avec en rappel le célèbre "Clair de lune" dans la transcription qu'en a faite Léopold Stokowski, avec son très beau thème caractéristique confié en introduction à la flûte solo. Avec ce concert, se terminait la série des Classiques à croquer de l'Orchestre symphonique de Québec pour la saison 2005-2006.