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Du grand art vocal venu de Russie

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

6 décembre 2007 (QIM) – Avec le programme de sa saison 2007-2008, la devise du Club musical de Québec, Mieux faire aimer la musique en la faisant mieux connaître, lui sied à merveille. Comment ne pas tomber sous le charme de la musique russe après avoir entendu, sur deux soirs consécutifs, sur la scène du Grand Théâtre de Québec, quelques-uns de ses grands ambassadeurs que sont l'Académie d'art vocal de Moscou, l'Orchestre de chambre de Moscou, le groupe musical Style of Five, le chef d'orchestre Constantine Oberlian, le chef de choeur Victor Sergeyevich Popov et le baryton de renommée internationale Dmitri Hvorostovsky.

La soirée du dimanche 25 novembre était consacrée exclusivement à l'Académie d'art vocal de Moscou, sous la direction de Victor Sergeyevich Popov. Aussi à l'aise dans le répertoire liturgique que dans le chant folklorique, ce choeur mixte est aisément parvenu à envoûter l'auditoire. Il faut dire qu'avec un programme faisant la part belle en première partie aux oeuvres sacrées de Serge Rachmaninov, le pari était facile à gagner.

C'est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que les 46 choristes auront fait découvrir à un auditoire subjugué les beautés de la liturgie orthodoxe russe et les rythmes entraînants de chants folkloriques dont la plupart nous étaient méconnus, à l'exception du fameux "Kalinka", dont le titre français est "Ô ma petite baie d'obier".

Le lendemain soir, on retrouvait à nouveau sur scène l'Académie d'art vocal de Moscou avec les musiciens de l'Orchestre de chambre de Moscou, sous la direction de Constantine Oberlian. Nombreux étaient ceux venus surtout pour entendre le grand baryton russe Dmitri Hvorostovsky. Merveilleusement accompagné par le choeur et les musiciens, il a littéralement ravi l'auditoire dès le premier des chants liturgiques au programme.

Après l'envoûtement, ce fût le plaisir, avec des extraits d'opéra de Tchaikovsky. Extraits qui auront permis à ceux qui étaient présents aux deux soirées, et selon moi ils étaient nombreux, d'apprécier une autre facette des choristes. Car c'est avec magnificence qu'à deux occasions ils ont interprété des passages pour choeur de "Eugène Onéguine" et de "La Dame de pique", partageant ainsi la vedette avec le soliste.

Dmitri Hvorostovsky s'est donné la mission de mieux faire connaître des pans méconnus de la musique de son pays. C'est donc avec une certaine fierté qu'il consacrait tout un volet du concert à des romances populaires russes méconnues, la plupart ayant reçu l'aval des autorités soviétiques de l'époque. Ce sont de belles mélodies, intéressantes à découvrir quoique parfois un peu aguichantes, parfois un peu guimauves.

Le baryton s'est fait crooner pour la circonstance, en les interprétant à l'aide d'un micro et donnant des airs de ballroom orchestra à la soirée. La conviction et la sensibilité avec lesquels il a interprété le tout a constitué pour plusieurs un des moments forts de la soirée. L'enthousiasme était à son comble pour les mélomanes, venus si nombreux, qu'il a fallu ajouter des places à l'avant de la scène pour répondre à la demande.

Pour mieux rendre le côté russe de ces mélodies, les virtuoses de l'ensemble instrumental Style to Five se sont joints aux musiciens de l'orchestre. Ce groupe méconnu est formé de 6 virtuoses animés par le désir de remettre à l'honneur la musique folklorique russe, par le biais de la renaissance d'instruments aux noms exotiques tels que bayan, balalaïka, domra ou gousli. Une très belle invitation à élargir nos horizons de la musique russe et à faire de belles découvertes.

Ces deux concerts ont été captés pour Espace Musique et seront diffusés à une date ultérieure. C'est à surveiller pour tous ceux qui n'ont pu être présent.

Le prochain concert du Club musical est consacré au pianiste roumain Radu Lupu dans un programme Franz Schubert et Claude Debussy.