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Un illuminé sur scène: Matthieu Ricard, moine Bouddhiste

Un commentaire de Roger T. Drolet

19 novembre 2008 (QIM) – Je suis de ceux qui croient que la musique élève l'âme et qu'elle peut changer le monde. Mais est-ce suffisant? Les bouddhistes estiment que non, et proposent la compassion comme remède universel. Être compatissant, c'est cultiver en soi ce sentiment par lequel on perçoit et ressent la souffrance des autres, et grâce auquel on est poussé à y remédier, pour améliorer le sort de l'humanité. Gagnant en popularité dans le désenchantement ambiant à l'égard des valeurs matérialistes, le bouddhisme, ce grand système de pensée et d'action oriental est incarné de nos jours par le 14e dalaï-lama qui parcourt le monde avec son message pacifiste.

Au soir du 12 novembre, c'est son ambassadeur et interprète Français, le moine Matthieu Ricard, fils du philosophe Jean-François Revel, qui a rempli le Capitole de Québec. Un public réceptif très certainement en quête du bonheur. Celui qui jouit visiblement d'une bonne notoriété au Québec grâce à de fréquents voyages fortement médiatisés, s'amène donc une fois de plus avec son discours apaisant et explicite dans le but de désamorcer nos angoisses stériles et nous offrir gratuitement une défense contre nos maux contreproductifs.

M. Ricard arrive en scène, présenté par l'organisation Karuna-Canada, et d'entrée de jeu, en excellent communicateur, baisse les attentes des spectateurs en affirmant qu'il ne sait pas trop ce qu'il va raconter. Il y a 24 heures, il était à Katmandou, là où il réside, s'envole vers Delhi, puis Paris, fait escale à Montréal et se retrouve à Québec... Nous sommes déjà transportés! Et avec ses propos simples et son style sans artifice, l'homme de coeur et scientifique nous offre cette réflexion inspirée qui ne peut que déclencher chez nous un questionnement authentique et fait flèche de tout bois en racontant un parcours d'une extrême lucidité qui lui a permis de donner un sens à sa vie, rien de moins. Comment? En entraînant son esprit dans le sillage des grands maîtres bouddhistes tibétains.

Si vous avez vu le film de Bertolucci Petit Bouddha, vous saisissez bien le pouvoir de la méditation chez les moines. Matthieu Ricard réussit parfaitement, en 90 minutes, à expliquer à l'auditoire comment cette pratique est liée à la compassion, puis à l'action individuelle, celle qui nous change... et conséquemment change le monde. Il donne même un cours accéléré à la salle. Silence absolu durant l'exercice, phénomène rarissime dans un temple du spectacle. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire comment méditer. Il faudra rencontrer celui qu'on appelle l'homme le plus heureux du monde ou lire ses écrits. Mais croyez-moi, c'est simple, beaucoup plus simple que vous ne l'imaginez. Changeons le monde ensemble, si vous le voulez.

L'Association Karuna a été créée, en France, à l'initiative de Matthieu Ricard et vise à organiser, financer et développer des programmes humanitaires en Asie. Depuis 2001, Karuna a entrepris une trentaine de projets humanitaires à l'intérieur du Tibet.