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Sous le charme d'Angèle

Une collaboration de Lucie Vallée

Angèle Dubeau

Angèle Dubeau

7 mai 2009 (QIM) – En ce mercredi 8 avril au Palais Montcalm de Québec, Angèle Dubeau et l'ensemble La Pieta présentaient "Gargantua et autres plaisirs" en compagnie d'Albert Millaire. Que dire d'Angèle Dubeau qui n'a pas été exprimé déjà à propos de son talent ou de son travail? En fait, au-delà des qualificatifs, l'opportunité de la voir, de l'entendre et d'accéder grâce à elle « à une aventure musicale », à une musique classique émouvante, humaine, réelle, est l'élément que je veux raconter ici.

Lors de ce récital, les musiciennes de la Pieta (violonistes, altos, violoncellistes, pianiste) se sont tout d'abord présentées et installées sur scène. Puis Angèle est apparue et débuta l'interprétation d'une première pièce (de Pablo Sarasate, si je ne m'abuse). Ensuite, Angèle Dubeau s'est adressée à l'auditoire. Son sourire, sa simplicité et son regard ont instantanément établi un climat, un accueil. Elle nous confie avoir suivi les conseils de Rabelais pour construire le programme de sa soirée: « fais ce que voudras » disait celui-ci. Et ce que veut Angèle devient ce que nous voulons aussi, puisque nous la suivons sans hésitation et avec délice chez Maxim's à l'heure du Berger (marque populaire de pastis) ou mangeons de la Peacock Pie selon ses désirs. Elle nous promet pour la fin de programme une amusante promenade à bicyclette grâce à Jean Françaix. Mais tout d'abord les musiciennes nous interprètent, avant d'entamer Rabelais, une pièce de Johann Strass adaptée par Alan Berg, qui met la table pour Garguantua puisqu'elle s'intitule "Aimer, boire et chanter".

Par la suite, la violoniste et son groupe plongent dans l'univers « humoristique et de haute voltige » du compositeur Jean Francaix, appuyées par la narration du comédien Albert Millaire. Le texte fantastique est superbement lu par ce dernier, malgré quelques petites longueurs. Comme Angèle Dubeau nous le souligne, avant d'entamer "Les inestimables chroniques du bon géant Gargantua", il est fascinant d'observer l'intégration harmonieuse du texte et de la musique quoique la partition musicale ait pourtant été créée antérieurement. Jean Francaix y a ensuite apposé le texte, composé de divers extraits qui s'y marient avec une justesse efficace. Tout particulièrement, à certains moments alors que Millaire décrit les batailles de Garguantua pour sauver le royaume de son père Grangousier de l'envahisseur Picrochole. Il faut préciser que le compositeur possédait une grande connaissance de l'oeuvre de Rabelais. Par ailleurs, Jean Francaix ayant exprimé son désir de « rendre heureux avec sa musique » il partage, pour sûr, cette autre qualité avec la violoniste québécoise.

En rappel, à un public heureux, Angèle et ses musiciennes ont offert une "Berceuse pour Angèle", composition de Gilles Ouellet, tirée de son DC "Contes de fées", en nous la présentant comme une proposition pour endormir les enfants et faire rêver les grands... Rêverie réussie!

Avant de m'endormir, je me permets un dernier tour de piste pour encenser le travail d'Angèle Dubeau et de la Pièta. L'harmonie, l'excellence de leur travail et la qualité de leurs interprétations ne sont pas nouvelles. Cela n'enlève rien à leur caractère d'exception. Il me fait plaisir de les souligner ayant moi-même eu l'occasion de les apprécier dans une salle (Raoul-Jobin) qui leur faisait un bien bel écrin.