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La palette d'Elisapie

Un commentaire de Roger T. Drolet

Elisapie Isaac – photo: Valérie Jodoin Keaton

Elisapie Isaac – photo: Valérie Jodoin Keaton

1er mars 2010 (QIM) – Bien malin qui pourrait suivre Elisapie Isaac ces temps-ci. Son disque "There Will Be Stars" lui donne des ailes. Et c'est sans compter la réputation enviable qu'elle s'est faite avec sa moitié musicale masculine (Alain Auger) au temps trop court du groupe Taima.

De Povungnituk à Vancouver à Montréal, puis à Québec et, le mois prochain en France, la très chère Inuk transporte sa sensibilité, sa bonne humeur et son bagage musical partout où le vent l'emporte. Après une pause et un enfant, elle est passée à autre chose la belle, et on la retrouve avec un tel plaisir, cette femme du Grand Nord, qui réchauffe notre paysage sonore comme pas une!

Elle passait ce jeudi soir 25 février, par la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec et nous y étions. Un premier spectacle solo qui voyage léger mais qui disperse sa voix sensuelle et combien touchante dans son univers musical folk et mélodieux. Des extraits de son unique disque solo comme "Navaatara", "Wish Song" et "Turning My Back" jusqu'au clin d'oeil à Taima en passant par de petites histoires poétiques sur sa vie rêvée, ses amours musicales, Dylan, Cohen qu'elle aurait rêvé amener passer de chauds moments dans un igloo, chez elle, dans sa toundra subartique. Des éclairages savamment dispersés, évoquant la nature et les étoiles qui ne sont jamais loin teintent l'atmosphère.

Une sobriété et une élégance d'une femme agile, versatile et combien séductrice que je retrouve telle qu'elle était lors de l'entretien qu'elle m'a accordé, en 2004 pour l'émission Chansons QIM'ANIM, peu après son apparition au festival britannique de Glastonbury, moment où la planète musicale s'ouvrait à elle.

Elle chante davantage en anglais et en Inuktitut qu'en français mais l'un des moments les plus inspirés du concert d'une heure trente tient dans ces précieuses minutes où elle s'approprie sublimement la chanson que Richard Desjardins pour le texte et Pierre Lapointe pour la musique lui ont fabriquée et qui lui va comme sa beauté: "Moi, Elsie". La tendresse incarnée!

Pour son unique ‘encore' elle revient flanquée de Manuel Gasse et Gabriel Gratton, ses deux musiciens accompagnateurs d'ailleurs fort polyvalents, lunettes noires et ambiance rétro, surprendre son public avec "Chiquitita" (ABBA). On n'aurait pas imaginé meilleur moyen de déployer sa voix et sa jeunesse. Ah! la belle palette de frissons que nous avons eus.

Sur le coup de 22 heures, sous les applaudissements nourris de ses fans et de ceux et celles qui le deviennent, elle revient seule en disant tout bonnement que le spectacle est terminé et que nous devrons attendre à la prochaine fois, l'air de dire qu'elle sait déjà qu'elle reviendra, l'été prochain dans la belle Capitale.