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Chers Louis et Frédéric...

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Louis Lortie

Louis Lortie

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10 mai 2010 (QIM) – Pour son avant-dernier concert de la saison, l'Orchestre symphonique de Québec avait invité le pianiste Louis Lortie à se produire à la fois comme soliste et chef d'orchestre. Tournant le dos aux spectateurs de la Salle Louis-Fréchette du Grand théâtre de Québec, il a interprété et dirigé de mémoire les deux concertos pour piano de Frédéric Chopin, dont on célèbre cette année le bicentenaire de sa naissance.

Louis Lortie n'en était pas à sa première expérience à la direction de l'Orchestre symphonique de Québec, lui qui avait brillamment joué et dirigé l'intégrale des concertos pour piano de Ludwig van Beethoven au printemps 2007.

Il n'en était pas non plus à son premier contact avec ce compositeur polonais, ayant enregistré l'intégrale de ses Préludes et de ses Études, pour le compte de la maison Chandos. En ce premier mercredi de mai, le pianiste a fait la preuve qu'il maîtrisait à la perfection ces deux oeuvres. Animé d'une vision profondément lyrique et poétique. Il a porté une attention particulière à un jeu raffiné et élégant prenant soin que les passages de grande virtuosité technique ne deviennent de simples étalages de prouesses pianistiques.

Pour moi, un des beaux moments de la soirée demeure le Larghetto du "Concerto pour piano no 2 en Fa mineur, op. 21", le premier composé mais, par un caprice du destin, le deuxième édité. Louis Lortie en a fait un mouvement de grâce, romantique à souhait, c'est à dire empreint tout à la fois de passion et de tendresse, de tourment et de rêverie, de contemplation et de nostalgie.

Chopin aspirait avec l'Adagio de son "Concerto pour piano no 1 en Mi mineur, op. 11" à transcrire musicalement l'émotion que l'on peut ressentir à la vue d'un beau paysage. L'interprétation raffinée de Louis Lortie nous aura fait vivre le genre d'émois que l'on peut ressentir à la vue des magnifiques paysages de la région de Charlevoix, lorsqu'au détour d'une route montagneuse, le fleuve Saint-Laurent nous apparaît dans toute sa majesté.

Le succès de cette soirée doit aussi pour beaucoup à la très belle complicité qui régnait entre le soliste et les musiciens de l'orchestre. Attentifs à la direction particulière de Louis Lortie, ils se sont révélés excellents dans leur rôle d'accompagnateur, même dans les passages où ils étaient laissés à eux-mêmes, le chef d'orchestre devant laisser toute la place au pianiste.

En ouverture, nous avions droit à une curiosité: la fameuse "Polonaise en La majeur, op. 40, no 1", dite "La militaire", dans une orchestration d'Alexandre Glazounov (le compositeur du thème bien connu des Belles histoires des pays d'en haut). L'oeuvre ne gagne rien à cette transcription orchestrale et il aurait été somme toute plus intéressant d'entendre Louis Lortie nous interpréter la version originale pour piano.

Ce concert était enregistré par Espace musique, la radio musicale de Radio-Canada pour une diffusion ultérieure dans le cadre des Soirées classiques. Une belle invitation à surveiller.