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Théâtre musical: Belles-Soeurs de Tremblay-Cyr-Bélanger

Un commentaire de Roger T. Drolet

Maude Guérin, Marie-Thérèse Fortin et Guylaine Tremblay

Maude Guérin, Marie-Thérèse Fortin et Guylaine Tremblay

29 mai 2010 (QIM) – Elles étaient 15 sur scène se déguiser en « Belles-Soeurs » et elles ont brillé de tous leurs feux lors de la soirée de lancement du Carrefour international de théâtre de Québec, ce mardi 25 mai à la salle Albert-Rousseau.

Plus de 40 ans après sa naissance tumultueuse sur une scène montréalaise, la pièce-phare de la dramaturgie québécoise de Michel Tremblay renaît une Xe fois dans une version mi-jouée, mi-chantée qui en fait un spectacle drôle et divertissant au possible.

Toujours livrée en joual, l'oeuvre avait provoqué l'ire des tenants du théâtre traditionnel de l'époque. L'astuce consiste ici à mixer à cette virulente critique sociale des chansons et chorégraphies truculentes ayant pour effet d'alléger le spectacle.

Et quelle dynamique s'installe autour de Marie-Thérèse Fortin (Germaine Lauzon) qui invite ce beau monde dans une cuisine de l'Est de Montréal, au coeur des années soixante, à une soirée de collage, elle, la gagnante d'un million de timbres prime, voulant célébrer sa bonne fortune avec sa « gang de femmes »! Et c'est la p'tite vie de cette période charnière de notre histoire collective récente qui se déroule sous nos yeux. La vie trop ordinaire dans ses rêves et ses désillusions, vue par les femmes de la classe moyenne, alors majoritairement au foyer.

Et même si on a du retrancher de larges pans du texte original pour faire place aux extraits chantés, rien n'y paraît.

La production réunit donc le talent d'une équipe fabuleuse incluant René-Richard Cyr à la mise en scène et au livret, Daniel Bélanger à la composition musicale, quinze comédiennes merveilleuses dont Marie-Thérèse Fortin, Maude Guérin et Guylaine Tremblay dans les rôles principaux. Ce mélange rocambolesque a su étourdir et ravir une salle bondée qui en aurait pris encore.

"Belles-Soeurs", version 2010, est un feu roulant de drôleries mais aussi de moments dramatiques propres à la nature humaine, truffé de réparties issues du langage pittoresque qui a fait la renommée de Tremblay. Cyr, quant à lui, fait bouger les interprètes et les décors de façon magistrale. Quant à Bélanger, ses mélodies font corps avec l'oeuvre à ce point qu'on ne reconnaît pas sa signature habituelle, ce qui est la marque d'une formidable réussite.

Mon tableau préféré: Le bingo, allégorique, ironique, savoureux, inventif et drôle à souhait...

Il faudra attendre 2012 avant de revoir la production à Québec mais ceux et celles qui le pourront seront les bienvenus cet été au Centre culturel de Joliette où l'oeuvre sera à l'affiche tout l'été. Un must pour toutes générations!

De son côté, le 11e édition du Carrefour international de théâtre de Québec, un événement artistique très riche qui propose des découvertes exceptionnelles aux amateurs, se déroule jusqu'au 12 juin dans la Capitale et compte à sa programmation la reprise, à la demande générale du parcours Où vas-tu quand tu dors en marchant...?