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Ballet national du Canada avec Marie Chouinard

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Marie Chouinard – photo: Karine Patry

Marie Chouinard – photo: Karine Patry

20 octobre 2010 (QIM) – De passage à Québec pour un seul soir, le Ballet national du Canada est venu nous présenter deux magnifiques ballets: "24 Preludes by Chopin" de Marie Chouinard et "Emergence" de Crystal Pite. Les spectateurs de la Salle Louis-Fréchette du Grand théâtre de Québec ont répondus nombreux à cette invitation à voir autant qu'à entendre la musique. Et leurs ovations témoignaient élogieusement de leur ravissement pour le programme offert, les 15 et 16 octobre dernier.

Élaborer une chorégraphie contemporaine à partir d'une oeuvre figurant au panthéon des chefs-d'oeuvre de la musique classique, peut se révéler un pari risqué. Mais pas pour la bien connue Marie Chouinard qui s'est inspirée des 24 préludes pour piano du compositeur polonais Frédéric Chopin pour élaborer autant de tableaux chorégraphiques d'une grande originalité.

Originalement conçue pour neuf interprètes, Marie Chouinard a accepté, à la demande de la directrice artistique du Ballet national du Canada, Karen Kain, d'en faire une adaptation pour 17 danseurs. Le résultat est tout aussi emballant en 2010 qu'à sa création en 1999.

Idée heureuse, en lieu et place d'un enregistrement, c'est le pianiste Edward Connell qui est venu sur scène interpréter les préludes de celui dont ont célébrait cette année le bicentenaire de naissance. Prenant peut-être à l'occasion, quelques libertés avec la partition, il s'est révélé un pianiste talentueux et un interprète convaincant de l'univers de Chopin, remarquable de sensibilité dans le "Prélude en Ré bémol majeur", dit "La goutte d'eau".

C'est fou comme de voir danser ces courtes pièces, peut nous amener à les réentendre d'une oreille neuve. Sur scène, les interprètes enchaînent les tableaux, tantôt ludiques, tantôt tragiques, sans temps mort et avec une grande perfection.

On prend toujours grand plaisir à apprécier le synchronisme des mouvements des danseurs et danseuses, surtout lorsqu'ils se retrouvent nombreux sur scène. La deuxième oeuvre au programme était à cet égard beaucoup plus généreuse avec ces tableaux exigeants une grande harmonie gestuelle et une précision toute militaire.

Selon les notes du programme, Chrystal Pite nous propose avec "Emergence", une vision métaphorique du concept de collectivité. Sur une musique envoûtante du compositeur canadien Owen Belton, 38 personnages, mi-humains, mi-insectes, essaim de créatures bizarroïdes, évoluent dans un monde étrange (sic) et fascinant.

Pour sa seizième collaboration avec la chorégraphe, Owen Belton a composé une musique fascinante, tantôt éthérée, tantôt martiale, garante à elle seule d'un dépaysement total. La troupe, fondée en 1951, a impeccablement interprété ce ballet, faisant preuve d'un grand professionnalisme.

Cette rencontre s'inscrivait dans la Saison danse 10/11 du Grand théâtre de Québec, qui a pour thème Dépaysement global. Ce que nous aura offert avec brio le Ballet national du Canada.