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André Laplante, de retour à l'Île

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

André Laplante

André Laplante

8 juillet 2011 (QIM) – Après s'y être produit en 1999 et en 2006, André Laplante était de retour à l'Ile d'Orléans pour ouvrir la 28e saison de ces concerts intimes se déroulant dans la charmante et pittoresque église de la paroisse Sainte-Pétronille. Pour l'occasion, il reprenait, tel quel, un concert donné au Ladies' Morning Musical Club de Montréal, le 1er mai dernier.

André Laplante est un pianiste exceptionnel dont la réputation internationale ne cesse de croître. Qu'il aborde le répertoire classique, romantique ou moderne, il le fait avec une conviction totale, s'investissant sans retenue dans chaque oeuvre abordée. Dépaysement et envoûtement garantis pour les 300 mélomanes qui avaient bravé la pluie en ce dernier jeudi de juin.

Si la "Sonate pour piano en Mib majeur Hob.XVI:52", une des dernières composées par Franz Joseph Haydn nous plongeait dans un univers de clarté et de rigueur, avec Maurice Ravel c'était un changement radical de paysage. Avec ce compositeur français, nous plongions dans un univers éthéré où la mélodie cède la place à des impressions sonores. D'abord avec "Oiseaux tristes", évocation d'oiseaux perdus dans la torpeur d'une forêt aux heures les plus chaudes de l'été (tout un défi à rendre au piano). Par la suite avec "La vallée des cloches", une belle et langoureuse plainte mélancolique.

Si avec ces deux pièces extraites de la suite pour piano "Miroirs" le langage musical est résolument moderne, Ravel ne reniait pas pour autant l'héritage classique, comme en fait foi sa "Sonatine". Ici, sous les doigts agiles de celui qui s'est vu remettre l'Ordre du Canada en 2005, la mélodie reprenait toute son importance.

Mais on pouvait aisément sentir avec la "Deuxième année de pèlerinage: Italie" de Franz Liszt à quel point André Laplante est à l'aise dans le répertoire romantique. Ce recueil de sept pièces se veut une transcription musicale des émotions ressenties par Liszt au contact de certains chefs d'oeuvres de la peinture, de la sculpture et de la littérature italienne.

Autre grandiose dépaysement avec comme point d'orgue la magistrale "Sonate après une lecture de Dante", dernière pièce du recueil. André Laplante, avec puissance et agilité, nous a entraînés dans les profondeurs de l'enfer tel qu'évoqué par Dante Alighieri dans sa Divine comédie. On comprend pourquoi il s'est vu remettre le Félix 2010, catégorie Soliste et petit ensemble, pour son enregistrement des "Années de pèlerinage" de ce compositeur hongrois.

L'Église de Sainte-Pétronille est un lieu tout indiqué pour des concerts de musique de chambre. L'acoustique est très bonne et compense pour le confort somme tout relatif des bancs en bois. Seule ombre au tableau, André Laplante chantonne en jouant. Sur une scène comme celle de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec cela n'aurait probablement aucune importance. Mais dans ce petit lieu clos où la proximité de la scène favorise une grande intimité entre le pianiste et son public, ces chantonnements deviennent parfaitement audibles et, à maintes occasions, agaçants. Dommage.