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La route spirituelle d'Akram Khan

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Vertical Road - Akram Khan

Vertical Road - Akram Khan

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Akram Khan Company

7 février 2012 (QIM) - Le chemin vers la spiritualité détourne l'homme de sa course effrénée sur terre. Mais le prix à payer pour cette émancipation est l'angoisse face à la solitude et à l'isolement.

Tel pourrait être résumé le propos de Vertical Road, la plus récente chorégraphie d'Akram Khan, présentée au Grand Théâtre de Québec en ce dernier jour de janvier 2012. Ce Britannique, d'origine bangladaise, n'est pas un inconnu dans l'univers de la danse, car il a notamment travaillé avec Sidi Larbi Sherkaoui, Juliette Binoche et même Kylie Minogue dont il a chorégraphié la tournée Showgirl.

Avec Vertical Road, créée à Londres en septembre 2010 et couronnée meilleure chorégraphie au Festival de Melbourne la même année, il aborde la délicate question de l'existence de forces invisibles qui unissent secrètement les individus entre eux. Il s'est fortement inspiré de la philosophie soufie du poète Djalâl ad-Dîn Rûmî, mystique musulman perse, dont le nom est associé au soufisme et à l'ordre des derviches tourneurs.

Vertical Road raconte le retour sur terre d'un prophète qui découvre que les hommes sont devenus des guerriers. Il cherchera à les détourner de leur instincts guerriers pour les entraîner vers le divin, les conduire vers un au-delà. Cet ailleurs est symbolisé par un immense rideau semi-transparent, sorte de membrane entre la vie et la mort, l'unique accessoire de la scène, si ce n'est quelques petites plaquettes noires disposées à la verticale à l'avant-scène. Ce prophète aura fort à faire pour disperser le groupe et amener les individus à s'ouvrir à la spiritualité. De martiales et homogènes, les chorégraphies se feront de plus en plus intimistes, tout au long des 70 minutes que dure cette oeuvre.

La musique est de Nitin Sawhney, un complice de longue date d'Akram Khan. Compositeur londonien, d'origine indienne, Sawhney est considéré comme un des pionniers de la scène underground asiatique. Dans la première partie, celle des guerriers, sa musique se fait très percussive avec des rythmes qui ne sont pas sans rappeler ceux des battements d'un coeur ou encore de pas cadencés militaires.

Lentement, ces rythmes entêtants et obsédants évoluent vers une atmosphère plus mystique. La grandeur de cette chorégraphie tient pour beaucoup à cette trame musicale, qui sauve le spectacle car, malheureusement, le propos d'Akra Khan a tendance à s'étioler dans des tableaux plus introvertis, d'une belle élégance mais dont les redites finissent par lasser un peu. Ce qui n'enlève rien au plaisir de voir évoluer cette troupe de huit danseurs, de provenances multiples et tous excellents, dans les chorégraphies de groupe.

Akram Khan devait ce soir-là interpréter en solo "Gnosis". Mais une sévère blessure au talon d'Achille l'a contraint d'annuler sa prestation. Il est à souhaiter qu'il se rétablisse rapidement, car il prépare une chorégraphie qui devrait être présentée cet été dans le cadre des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de Londres.