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Musique de chambre à Sainte-Pétronille – Jan Lisiecki, passion piano

Un commentaire de Roger T. Drolet

Jan Lisiecki – photo: Mathais Bothor / DG

Jan Lisiecki – photo: Mathais Bothor / DG

7 août 2013 (QIM) – La 30e saison de Musique de chambre à Sainte-Pétronille est amorcée depuis plus d'un mois et quelques autres belles surprises sont encore offertes aux mélomanes au cours des prochaines semaines.

Le pianiste Jan Lisiecki, 18 ans, nous faisait le plaisir d'un concert Chopin le jeudi 1er août dernier dans la magnifique église du XIXe siècle située à Sainte-Pétronille de l'Île-d'Orléans.

L'artiste est un Canadien né de parents polonais qui a donné ses premiers concerts avec orchestre à l'âge de cinq ans et qui construit depuis un parcours d'exception, remportant maintes distinctions. Ce n'est déjà pas banal.

Pour s'attaquer lors d'un programme en solo, comme il l'a fait ce soir-là, à l'intégrale des Études opus 10 et opus 25 du compositeur polonais, une maîtrise indiscutable de l'instrument et une forte dose de passion sont requises.

Il faut également savoir que ces 24 courtes oeuvres furent composées (vers 1830) à une époque où le piano était un instrument récemment inventé et dont Chopin testait les limites avec beaucoup d'enthousiasme. Conséquemment, elles sont difficiles d'interprétation et nécessitent une haute créativité de la part du musicien qui s'y attaque. Lisiecki montre dès les premières notes que sa concentration est totale, son exécution brillante et émouvante. Il en sera ainsi pour les deux parties du spectacle qui dura environ une heure trente, avec entracte.

J'ai aussi l'impression qu'une bonne part des trois cents personnes présentes au concert connaissaient la réputation du pianiste. L'écoute fut très respectueuse et les applaudissements, acceptés seulement après chacune des deux parties, bien nourris.

Certaines des deux douzaines d'oeuvres exécutées sont, on doit le dire, plus difficiles d'accès, mais au moins deux d'entre elles sont plus connues du grand public, soit l'Étude no 3 en mi majeur (reprise par Serge Gainsbourg pour la chanson Lemon Incest) et l'Étude no 12 en do mineur ('Revolutionary'), toutes deux extraites de l'Opus 10.

L'accueil réservé au jeune musicien fut tel qu'il adressa quelques remerciements en français à l'auditoire avant d'offrir un rappel fort apprécié. Pour l'artiste, chaque prestation est unique, qu'il soit à Sainte-Pétronille ou au Royal Albert Hall de Londres où il a joué récemment devant 6000 personnes.

Quoi qu'il en soit, il est dorénavant possible d'écouter Jan Lieiecki sur la toujours prestigieuse étiquette de disques Deutsche Grammophon ou mieux, si on en a les moyens, de le suivre dans son périple musical planétaire.

Comme l'a écrit le New York Times, Lisiecki est, et certainement pour très longtemps, « a pianist who makes every note count. »

La saison 2013 de Musique de chambre à Sainte-Pétronille se poursuit jusqu'au 23 août.