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Félix a-t-il sa place à l'école?

Un commentaire de Roger T. Drolet

Félix Leclerc

Félix Leclerc

15 août 2013 (QIM) – On vient de souligner le vingt-cinquième anniversaire du décès du grand poète et chansonnier Félix Leclerc. Une visibilité médiatique importante a mis l'accent sur l'apport de l'homme à l'évolution et au rayonnement de la musique populaire québécoise, ici comme à l'étranger.

Félix ne fut-il pas le premier auteur-compositeur-interprète du Québec à être reconnu en France? Plusieurs grands artistes français n'ont-ils pas louangé son talent et son parcours? De nombreux artistes musicaux contemporains ne reconnaissent-ils pas en lui une inspiration qui ne se dément pas depuis plus de soixante ans?

Bien sûr, les statuettes remises annuellement lors du Gala de l'ADISQ portent son nom. Bien sûr plusieurs lieux et établissements lui sont identifiés. Mais de quelle manière s'y prend-on pour faire connaître son héritage et donner le goût aux jeunes générations de découvrir son oeuvre?

Voilà que la fille de Félix, Nathalie Leclerc, aussi directrice générale et artistique de l'Espace Félix-Leclerc à l'île d'Orléans, a interpellé le ministère de l'Éducation afin que son père figure dans les manuels scolaires d'histoire. « J'aimerais que mon père ait au moins une page dans les livres d'histoire. Il y a beaucoup de textes sur l'arrivée du téléphone, sur l'imprimerie, mais rien sur Félix, rien sur le Québec. Ce sont nos livres à nous quand même », a exprimé Mme Leclerc en entrevue avec La Presse Canadienne.

S'exprimant aussi sur les ondes de Radio-Canada, Mme Leclerc a relaté qu'elle a transmis une lettre au ministère de l'Éducation (MELS) lui demandant d'ajouter un texte, au bénéfice des enfants du primaire, pour situer l'homme et l'oeuvre. Elle a récemment reçu un accusé de réception. « C'est un bon début », estime-t-elle. Peut-être même que cela serait utile aux jeunes enseignants!

Pourtant, le jour même de la commémoration du départ de Félix, une porte-parole du ministère public, Esther Chouinard, questionnée à ce sujet, affirmait sur les ondes de la télé publique que: «... l'oeuvre de M. Leclerc est monumentale (...) mais on préfère laisser la liberté professionnelle aux enseignants de choisir les auteurs qu'ils aborderont dans leurs classes ».

Pourtant, selon mes sources, certains manuels du primaire comportent de courts textes de présentation d'artistes du Québec. Mais je n'ai pas été en mesure de valider cette information. Qui dit vrai?

Il tombe sous le sens que les programmes d'enseignement (français, histoire, musique) devraient valoriser davantage nos principaux créateurs nationaux, particulièrement ceux et celles qui ont laissé une marque dans le passé, les géants de notre identité culturelle, non seulement en littérature et en musique mais aussi dans les autres disciplines. Sinon, ceux-ci vont s'estomper progressivement au profit des contenus étrangers, souvent anglo-américains, qui sont largement mis en évidence par l'industrie médiatique transnationale. Si nous ne sommes pas vigilants et proactifs, les grands bâtisseurs du Québec et leurs valeurs se dilueront peu à peu dans le magma mondial. On ne peut aimer ce qu'on ne connaît pas...

Il s'agit là d'un choix de société qui doit être défendu par les deux principaux ministères québécois qui sont concernés par cette cause: la Culture et l'Éducation.

De nos jours, les ténors de l'économie ont le haut du pavé et ce n'est pas un mal en soi, mais il est plus que jamais nécessaire de savoir d'où l'on vient pour comprendre où l'on va! Et il existe des moyens concerts pour y parvenir.

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