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Une (des) soirée(s) Vintage et unique(s)

Un commentaire de Richard Baillargeon

L'expérience Vintage

L'expérience Vintage

11 novembre 2013 (QIM) – Mercredi 6 novembre marquait la première de L'expérience Vintage de Gregory Charles et ses acolytes: 6 musiciens aussi dégourdis et prompts sur la note que leur meneur ainsi que les six membres de l'ensemble The Rainbows qui contribuent à instaurer l'ambiance en avant-spectacle et se font choristes tout au long de la soirée. C'était aussi l'occasion pour les noctambules de la Capitale de découvrir le théâtre ambulant qui abrite l'événement depuis les « deux mois de répétition à Montréal » (dixit G.C.) qui ont précédé cette première. On y entre comme dans un cabaret chic, guidés vers un des deux longs couloirs qui encadrent l'édifice pour aboutir au parterre bordé de tapis rouges, tapis qui s'étalent également aux divers paliers où sont installées tables, chaises et discrètes chandelles comme dans un vrai cabaret.

Après une mise en bouche en a capella collectif, comme si un détachement de Bobby McFerrins avait envahi la place, voici que la noirceur s'installe et que s'illumine un piano incandescent alors que prennent place les musiciens et que, d'une loge surmontant la scène, surgit l'initiateur et producteur de ce Vintage, concept participatif où le public est invité, non pas à éteindre, mais à allumer cellulaire ou tablette « intelligente » et à communiquer avec la vedette du spectacle tout au long de la soirée.

Après une entrée très gospel: "Why don't you come into this house"... le spectacle prend place, en ce début novembre, par un "A Hard Daty's Night" bien placé. S'ensuit la présentation d'un sondage portant sur l'album préféré parmi toute la discographie des Beatles. Résultat étonnant: alors que les Help! et Sgt Pepper rivalisaient à 11% chacun, à 8 h23 c'est Let It Be qui les coiffait avec un 38% ce qui donnait l'occasion à la troupe d'interpréter la chanson titre du disque et "Get Back". Les fans finis du groupe auront peut-être regretté de ne pas s'être prononcé...

Mais on est déjà rendus ailleurs. Une autre question à laquelle on peut répondre sur le site dédié, dans la zone Faites votre spectacle / À chacun sa musique: Quel artiste est votre icône de la musique? Le podium de la soirée (mais probablement plutôt le résultat du vote cumulatif depuis le début de la tournée) aligna des refrains de Joe Dassin, Bob Marley et Michael Jackson. Les autres choix du public, intercalés entre ces grands thèmes, allaient donner l'occasion aux performers de se faire valoir par « du déhanché » et presque « de l'ostentatoire », du moins en paroles.

La seconde partie, après un entracte qui fournit à tous l'occasion de se dégourdir les pattes et de visiter les mystérieuses W.C. attenantes, via un léger labyrinthe, donnera plus de place aux choix instantanés du public, tant via les textos qu'au moyen de la bonne vieille méthode des bulletins de vote, intégrés au verso des billets d'entrée. Gregory lit la requête, suggère une tonalité « On la fait en Sol mineur? Non, en Fa, en l'essaye en Fa... » puis débute la chanson. Bien souvent il ne peut s'empêcher de bifurquer en cours de route, ajoutant la surprise à la virtuosité. Ainsi un titre de Led Zeppelin peut se jumeler avec un de Nirvana, U2 se métamorphoser en Fugain; on entendra des airs de Tom Jones, Pink, les 3 Bars, etc. Comme les jours, les chansons se suivent sans se ressembler!

La palme de la soirée, aux oreilles de votre humble serviteur, aura été ce collage improbable alors que, suite à un premier tirage, le billet est déposé « Laissez-moi y penser... j'en pige un autre et on verra ensuite ». Puis, une fois l'autre billet tiré « ... hmmm, on pourrait peut-être les faire en même temps ». Ce qui a donné lieu à un magistral refrain bicéphale fondant notre "Un peu plus haut, un peu plus loin" au non moins majestueux "Skyfall". De la haute voltige, dans tous les sens du mot.

La vraie magie de l'événement est évidemment de réussir à conserver le caractère ludique et la rapidité d'exécution d'un party de salon ou d'une soirée piano-bar tout en le faisant dans le cadre d'un « gros show », car Vintage, c'est tout de même une entreprise et des moyens énormes. De quoi redorer le sens de l'expression « industrie culturelle » aux yeux des sceptiques!

Le spectacle et le théâtre Vintage sont en ville, à ExpoCité, non loin du chantier de l'amphithéâtre, pour « au moins » une quinzaine de reprises jusqu'au 1er décembre! Soyez-en prévenus: vous ne pourrez revivre les moments décrits ici car chaque représentation est unique et distincte. À vous de jouer...