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Quelle soirée avec Suzie LeBlanc et Constantinople

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Suzie LeBlanc – photo: Tara McMullen

Suzie LeBlanc – photo: Tara McMullen

20 août 2014 (QIM) – Constantinople est l'appellation historique de l'actuelle ville d'Istanbul en Turquie, longtemps cité rayonnante et lieu de contact entre l'Orient et l'Occident. Constantinople est aussi le nom d'un ensemble musical qui prend plaisir à puiser son répertoire à toutes les sources musicales de l'Europe méditerranéenne, de l'Orient et du Nouveau Monde.

Grands voyageurs devant l'éternel, Constantinople a enregistré 13 albums, présenté plus de 25 créations et voyagé dans près de 120 villes à travers 22 pays. Constantinople c'est Kiya Tabassian au sétar et au shourangiz, David Jacques à la guitare baroque et au théorbe, Pierre-Yves martel à la viole de gambe, Oliver Brault au violon baroque et Ziya Tabassian aux percussions.

Pour sa part, Suzie LeBlanc est une soprano bien connue des mélomanes. Cette acadienne, récipiendaire de quatre doctorats honorifiques, directrice actuelle du Nouvel opéra de Montréal, est devenue l'une des interprètes de musique ancienne les plus recherchées de sa génération.

Il était écrit dans le ciel qu'elle se retrouverait un jour aux côtés de Constantinople. Le Festival international de musique du Domaine Forget leur a offert cette opportunité, le vendredi 15 août dernier. Placé sous le thème des Metamorfosi Musicali, la quinzaine d'oeuvres retenues ce soir-là était puisée au répertoire baroque italien. Ces métamorphoses musicales étaient celles de Claudio Monteverdi, Giovanni Girolamo Kapsberger, Tarquinio Merula, Stefano Landi, Salomone Rossi et d'une des très rares compositrices de cette époque Barbara Strozzi.

Chaconne, Passacaille et autres pièces instrumentales ont alterné avec des airs chantés, métamorphosant la salle Françoys-Bernier en un espace où le temps a suspendu son vol un trop court instant. Poésie vocale, avec la sublime voix de Suzie LeBlanc qui a bercé, charmé, apaisé et ébloui le public. Poésie musicale avec des oeuvres retenues tant pour leur beauté que pour l'invitation faite aux musiciens à se surpasser. Cela ne pouvait faire de cette soirée qu'un rendez-vous inoubliable.

Kiya Tabassian nous a fait découvrir les riches sonorités du sétâr et du shourangiz, deux instruments à cordes pincées. Pierre-Yves Martel et Olivier Brault ont su faire chanter leurs instruments comme pour rivaliser avec la soprano. David Jacques était majestueux au théorbe et Ziya Tabassian, a tellement impressionné aux percussions que dans un passage virtuose, le public n'a pu retenir ses applaudissements.

En rappel, la chanteuse acadienne a bien déridé le public en arborant le drapeau acadien et des rubans aux couleurs de l'Acadie dans ses cheveux. Ayant initié Constantinople au répertoire acadien traditionnel, elle a invité les musiciens et le public à l'accompagner dans une chanson à répondre. Belle exemple de métissage de courants musicaux.

Un seul regret, que ce concert sans entracte soit si court. Suzie LeBlanc, pieds nus et vêtue d'une belle robe blanche, nous apparaît telle un ange venu élever notre âme et nous offrir une sereine paix intérieure.