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Tangopéra: une rencontre magique entre le tango et l'opéra

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Quartango – photo: Jim Mneymneh

Quartango – photo: Jim Mneymneh

29 octobre 2014 (QIM) – Les mélomanes présents à la salle Françoys-Bernier du Domaine Forget à Saint-Irénée avaient rendez-vous avec le tango le samedi 25 octobre dernier. Non pas le tango traditionnel argentin, mais plutôt celui original de l'ensemble Quartango: un amalgame réussi de tango, de jazz, de blues et d'opéra.

Pour nous interpréter ces airs d'opéras, l'artiste invitée était la soprano lévisienne Marie-Josée Lord, bien connue du grand public pour sa remarquable interprétation de "Le monde est stone" de l'opéra rock Starmania et des amateurs d'opéra pour son rôle de Liù dans "Turandot" de Puccini.

Tangopéra c'est l'opéra qui délaisse ses pompes et ses apparats pour descendre dans les ports malfamés de Buenos Aires à la rencontre du bandonéon. Ce sont des extraits d'opéras qui ne souffrent pas de se voir transposés en des airs de tango.

À tout seigneur tout honneur, il était juste de débuter la soirée avec "Youkali" de Kurt Weill, extrait de l'opérette Marie-Galante. Suivait un peu plus tard l'intemporelle "Summertime" tirée de Porgy and Bess de Georges Gershwin, qui laissait entrevoir que la frontière entre le blues américain et le tango argentin n'est peut-être pas si étanche que l'on pourrait croire. Si le tango est associé à la danse, il m'apparaissait clairement à ce moment qu'il était lui aussi musique d'une douleur sublimée.

Quartango, c'est l'abolition des frontières musicales formelles. Frontière classique, avec l'insertion dans "La Cumparsita" de quelques passages du "Deuxième concerto pour piano" de Frédéric Chopin. Voisinage rock avec l'adaptation originale d'un succès des années 1960 de Frank Zappa. Incursion contemporaine avec ce clin d'oeil à la musique minimaliste d'un Philip Glass. Et toujours cette oscillation entre rythmes de tango et improvisation jazzistique.

Le plus étonnant est que tout fonctionne très bien. Loin d'être synonyme de nivellement par le bas, il se dégage de cette aventure une démarche musicale finement élaborée et un grand respect des genres. Il faut dire que les membres de Quartango ont tous reçu une solide formation musicale classique.

De leurs riches parcours, on retient que Stéphane Aubin est le pianiste-accompagnateur de Marie-Josée Lord, Antoine Bareil premier violon de l'Orchestre symphonique de Laval, Jonathan Goldman professeur agrégé de musicologie à l'Université de Montréal et bandéoniste émérite. Finalement René Gosselin est contrebassiste solo de l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal.

Avec eux, des airs comme "L'amour est un oiseau rebelle" de l'opéra Carmen de Bizet ou le classique "Besame Mucho" semblaient avoir été écrits dans un bar de Buenos Aires. Mon coup de coeur va à "Adios Nonino", de celui qui a donné ses lettres de noblesse au tango, Astor Piazzolla. Chaque musicien a semblé mettre son âme à nu pour rendre toute la richesse musicale de ce chef d'oeuvre, particulièrement Stéphane Aubin avec un solo de piano propre à faire retenir le souffle d'un public ravi. Sans conteste une version de référence.

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