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Dr Des Bois: Une expérience musicale et humaine avec Richard Desjardins

Un commentaire de Roger T. Drolet

20 avril 2004 (QIM) - Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il était attendu. Attendu impatiemment par une foule qui avait acheté ses billets depuis longtemps pour cette unique représentation à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. Une foule avec des femmes et des hommes de tous les âges qui, conquis d'avance, voulaient dire à Desjardins, le poète, l'humaniste, le musicien, qu'il est aimé.

Par un samedi soir grisâtre d'avril, l'artiste multidisciplinaire a bel et bien illuminé le ciel de la Capitale qui en a bien besoin, au propre comme au figuré, dans un paysage international à faire peur.

Mais avec lucidité, beaucoup de justesse et de délicatesse, le chanteur-musicien ramène ses oeuvres, nouvelles et plus anciennes, les exécute au diapason de son public qui les reçoit au niveau du coeur. Les "Boom Boom", "Lucky Lucky" et autres "Derniers humains" s'entremêlent aux récentes pièces de l'album "Kanasuta" – du nom de la forêt abitibienne à sauvegarder – tout en finesse, quelquefois précédées de quelques vers ou d'une remarque aussi cinglante qu'humoristique sur la politique québécoise ou internationale.

Il faut entendre celui qui vient de recevoir un doctorat honoris causa de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (que j'ai ici baptisé Dr Des Bois) raconter avec le bagou qu'on lui connaît l'histoire du chasseur qui se perd en forêt et qui se retrouve gelé dans la carcasse de son gibier; le punch est tordant... et peut-être un peu gênant pour certains! Desjardins réussit même à amener des mouches noires et des cervidés sur scène... comme si on y était!

Avec une complicité à toute épreuve, les musiciens Claude Fradette à la guitare, Marie-Soleil Bélanger au violon, Normand Guilbeault à la contrebasse et Didier Dumontier l'accordéoniste réussissent à rehausser la mixture du spectacle magnifiquement sonorisé et éclairé avec une touchante sobriété.

L'humour de l'auteur de "Jenny" ponctue aussi la soirée à quelques reprises, notamment à l'intérieur même de la chanson de 1990 "Le bon gars" où il vilipende Wilfred le boutt mouillé ou le scandale des commandites fédérales. Je vous laisserai toutefois découvrir par vous-mêmes par quelle vedette québécoise, Desjardins a remplacé le nom de Michel Rivard qu'il avait quelque peu écorché dans la version originale de la pièce...

Et le déroulement du spectacle se poursuit tout en finesse et en substance jusqu’au dernier salut et comme le disaient des spectateurs au sortir de la salle: « ... ça nous change des stars préfabriquées. C’est comme cela qu’on reconnaît les grands! ».

Richard Desjardins se promènera encore sur les routes québécoises jusqu'à la fin mai puis à l'automne 2004 (voir l'agenda plus bas dans cette page). La représentation supplémentaire à Québec aura lieu le 6 novembre. Les billets se font rares, il faut vraiment faire vite. Un homme authentique comme il y en a malheureusement peu dans le showbusiness actuel, un artiste qui mérite amplement tout notre respect. Un spectacle lumineux qui nous sort du temps et de l'espace et guérit nos petites blessures l'espace de deux heures trop vite passées.

En première partie, l'auteur-compositeur-interprète Ève Cournoyer, encore méconnue du grand public, a une belle chance d'élargir ses horizons. Celle qui a produit en 2002 le disque "Sabot-de-Vénus" nous offre, en format trio, un échantillon de son approche née du travail en studio et de la recherche personnelle qui n'a rien à voir avec la pop formatée académicienne.