Clémence
Desrochers

 Clémence Desrochers

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Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Clémence Desrochers 
Aussi connue sous --  
Naissance 1933   
Carrière professionnelle Depuis 1957   

Peu d'artistes atteignent une renommée telle qu'on les désigne par leur simple prénom. Clémence est de ces rares phénomènes. Fille du célèbre poète Alfred DesRochers, la jeune artiste a déjà complété ses cours à l'École normale et connu un début de carrière dans l'enseignement avant d'aller étudier l'art dramatique pendant deux ans avec Jean Doat. Après un séjour dans l'équipe de La Roulotte de Paul Buissonneau et quelques petits rôles à la télévision, elle remporte, en avril 1957, un concours de textes fantaisistes avec un de ses tous premiers monologues: "Rue Pacifique" (où elle naquit, à Sherbrooke). En novembre de la même année, Clémence DesRochers fait ses débuts sur la scène du cabaret Saint-Germain-des-Prés qu'anime Jacques Normand. Elle y restera dix semaines, s'attirant les louanges des critiques. Elle passe bientôt en vedette aux principales émissions de télévision: Music-Hall, Chansons canadiennes, Rendez-vous avec Michelle, etc. et endisque quelques-uns de ses monologues.

Au début de 1959, Clémence anime, avec Pierre Chouinard et Gabi Drouin, L'heure de Clémence à CKAC et, le 15 mai, se joint à Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland, Hervé Brousseau, André Gagnon et Raymond Lévesque pour l'ouverture de la boîte à chansons Chez Bozo qui devient le rendez-vous du milieu artistique de Montréal et des vedettes européennes de passage telles Piaf, Montand, Signoret. Après avoir reçu le trophée Frigon de la découverte de l'année au Gala des Splendeurs, en juin de la même année, la monologuiste anime Chez Clémence à Radio-Canada sa propre émission hebdomadaire de 15 minutes, pendant la saison 1959-1960. En 1961, elle co-anime l'émission L'été des Bozo avec ses camarades, puis continue l'expérience en duo avec Jean-Pierre Ferland à l'automne, avec le spectacle et l'émission télévisée Les résistants. En 1962, elle enregistre son premier album de chansons et de monologues sur lequel on retrouve "En quête", "La vie d'factrie", "Fra Gio-Gio Fragetti".

En 1964, Clémence DesRochers ouvre, à Longueuil, la boîte à chansons La boîte à Clémence qui connaît une existence éphémère. En décembre, elle présente à la Comédie-Canadienne Le vol rose du flamant, une comédie musicale dont la musique est de Pierre F. Brault, qui collaborera à la plupart de ses futures revues, dans laquelle elle joue aux côtés de Denyse Filiatrault, Olivier Guimond, Jean Besré et Jacques Desrosiers. Une des premières comédies musicales québécoises à être présentée, l'oeuvre tiendra trois semaines et aura droit à quelques supplémentaires au début de 1965. En novembre de cette année-là, Clémence présente, avec Yvon Deschamps et Gilbert Chénier, la revue On l'prend, on l'prend pas à Ottawa. Son premier passage au Patriote de Montréal à l'automne fait l'objet, quelques mois plus tard, d'un album qui comprend notamment les chansons "L'homme de ma vie" et "La ville depuis".

Clémence DesRochers anime à l'été 1966 l'émission Jeunesse oblige à la télé de Radio-Canada et, à la radio, Feu à volonté puis elle installe sa boîte à chansons place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, et y présente successivement, en 1967, les revues Le monde sont drôles et Sois toi-même avec ses comparses Yvon Deschamps et Gilbert Chénier. Elle participe également, avec une douzaine d'artistes québécois dont Gilles Vigneault, Pauline Julien et Claude Gauthier, au spectacle Vive le Québec! à l'Olympia de Paris. Nouvelle fermeture et réouverture de sa boîte qui devient, en novembre 1968, Le Patriote à Clémence, à l'étage de la célèbre boîte à chanson de Yves Blais et Percival Bloomfield. Clémence y présentera une série de revues, en commençant par La grosse tête, en 1968, avec Gilbert Chénier et Marc Favreau.

À compter du 10 mai 1969, ce sera Les girls dont la musique est cette fois de François Cousineau, avec Louise Latraverse, Diane Dufresne, Paule Bayard et Chantal Renaud. Après neuf semaines au Patriote, cette revue controversée, le plus gros succès de sa carrière, sera présentée en tournée au Québec et trois soirs à la Place des Arts. En 1970, "La belle amanchure" avec Françoise Lemieux et les Baronets René Angelil et Pierre Labelle, restera à l'affiche d'octobre à décembre, sur une musique de Jacques Crevier. En mars 1971, elle signe, avec Ovila Blais, C'est pas une revue, c't'un show dont sont extraites les chansons "Je ferai un jardin" et "La chaloupe Verchère" qu'on retrouvera quatre ans plus tard sur l'album "Clémence", où elles voisinent le désopilant monologue "Un très beau voyage".

Après la fermeture de sa boîte à chansons, Clémence DesRochers écrit les textes de la série télévisée À propos de... à Radio-Canada et anime l'émission bilingue Les Montréalais (CBC, 1973). La sortie en octobre 1973 d'un troisième album de chansons et de monologues dont "Quelques jours encore" et "Le géant", est suivie d'une série de spectacles au Patriote, au Gésù de Montréal et au Grand Théâtre de Québec. En 1975, Clémence DesRochers remporte son premier succès commercial avec la chanson "Le monde aime mieux Mireille Mathieu" et effectue, en mars, sa première tournée en Ontario. Son spectacle au Patriote en avril fera l'objet d'un nouvel album "Comme un miroir" qui contient notamment les chansons "Galerie d'Anjou", "Full Day Of mélancolie" et "L'amante et l'épouse". En mars 1976, elle tient la vedette du Théâtre Outremont pendant deux soirs. Elle y reviendra en décembre puis une nouvelle fois en avril 1977 pour présenter ce qu'elle appelle alors Mon dernier show. Mais entre-temps, elle enregistre, en septembre 1976, la première de son émission quotidienne Les trouvailles de Clémence à la télévision de Radio-Canada, émission qui allait se prolonger durant trois saisons et en faire une artiste connue et appréciée par un très large public.

En 1979, Clémence signe les textes du spectacle de Louise Latraverse au Théâtre d'été de Sainte-Marguerite. Puis, en septembre 1980, alors que le spectacle "Moi, c'est Clémence que j'aime le mieux" de Renée Claude va de succès en succès au Québec, Clémence DesRochers met fin à sa sabbatique en présentant Les retrouvailles de Clémence, d'abord au TNM puis à la salle Maisonneuve de la Place des Arts. Repris plus de 150 fois en deux ans et présenté en septembre 1981 par Radio-Québec, ce spectacle, qui comprend les chansons "C'est toujours la même chanson", "La chatte surprise", "Vous étiez si belle" et "Deux vieilles", lui vaut les Félix du spectacle humoristique et de la scripteure de l'année 1981.

Son prochain spectacle "Plus folle que jamais" remporte un succès égal, en 1983, et fait lui aussi l'objet d'un album. Son numéro "La vieille rockeuse" est particulièrement remarqué d'un nouveau public. Le spectacle est suivi à son tour, en 1985, par Le derrière d'une star. Entre temps, Clémence rédige une chronique régulière dans le magazine Coup de pouce. Elle reçoit en 1984 la Médaille Jacques-Blanchet pour la qualité de son oeuvre. En 1987, Clémence DesRochers anime l'émission littéraire Les dimanches de Clémence, sur le réseau Quatre Saisons (TQS). Puis elle présente, en mars 1989, le spectacle J'ai show. Elle revient sur scène en 1993 avec De retour après la (méno)pause.

La SRC lui consacre le spécial télévisé Clémence Desrochers 100% pur le 31 octobre 1993. Le Réseau indépendant des diffuseurs d'évènements artistiques unis, RIDEAU, lui a remis son prix hommage 1994 pour la qualité et la constance de sa présence sur scène tout au long de sa carrière. Elle anime ensuite Les p'tits bonheurs de Clémence, une émission quotidienne à la télévision de la SRC en 1995-1996. À l'été 1999, Nathalie Gadouas, Andrée Lachapelle, France Castel, Monique Richard et Sylvie Farlatte présentent au Théâtre de Marjolaine Les girls à Clémence, une version remaniée du grand succès de 1969, qui connaît à nouveau le succès puis est repris au Patriote sous le titre Les Girls reclémencent.

Après avoir reçu le Prix Olivier Guimont au Gala des Oliviers 1999, l'artiste est créée Chevalier de l'ordre national du Québec en 2001. S'adonnant depuis longtemps au dessin en dilettante, Clémence se décide à exposer ses oeuvres en 2002, sous le thème Les animaux de mon rang. À la fin de l'hiver et au printemps 2003, elle poursuit dans cette direction avec l'exposition Tintin, Félix, Mafalda et les autres, mettant en vedette les dessins inspirés pas ses propres félins, au même moment où le disque compact "De la factrie au jardin" connaît la faveur du public québécois. Cet album résume le volet tendre de sa production chansonnière en quinze titres réenregistrés avec l'aide d'une équipe aussi discrète qu'efficace. En quelques jours, elle se classe en tête du palmarès francophone. Belle récompense pour une auteure à la discrétion légendaire.

Outre l'écriture et la scène, Clémence s'implique dans la cause des Impatients, un centre créatif oeuvrant auprès de gens aux prises avec des problèmes psychiatriques, et continue de s'exprimer tant par le dessin qu'au cinéma. Sa participation au film La Grande séduction lui vaut le trophée Jutra du meilleur rôle secondaire en 2004 et le gouvernement du Québec lui accorde, l'année suivante, le prix Denise-Pelletier. 2005 est aussi l'année du triomphe de son spectacle C'est toujours la dernière fois. Celui-ci est présenté au Théâtre Petit Champlain, à Québec, à de multiples reprises. L'album "Mes «classiques» en public", lancé en novembre, témoigne de la chaleureuse réception et de la participation spontanée du public dans le plus vieux théâtre d’Amérique du Nord où l'artiste est vraiment comme chez elle.

Clémence DesRochers a publié de nombreux recueils de poèmes et de nouvelles dont Le monde sont drôles (Éd. Parti-Pris, 1966), J'ai des p'tites nouvelles pour vous autres (Éd. de l'Aurore, 1974), J'haï écrire (Éd. Trois, 1987), plusieurs de ses monologues et textes de chansons sous le titre Tout Clémence, tome 1,1957-1974 (Montréal, Éd. VLB, 1993) et Le petit Clémence illustré en 2001. Au cinéma, elle a été le sujet du documentaire Les visages de Clémence de François Brault (ONF, 1967) et a tenu un petit rôle dans le film Y'a toujours moyen de moyenner de Denis Héroux (1972). En 1965, sa chanson "Pauvre Léopold", enregistrée par Suzanne Valéry, avait été le thème du film La vie heureuse de Léopold Z de Gilles Carle.

À la télévision, elle a été de la distribution des téléromans La famille Plouffe (SRC,1959), La Côte de sable (SRC, 1960-1961), Le pain du jour (SRC, 1962-1965) et Quelle famille (SRC, 1970-1973). Elle a également joué dans les téléthéâtres Anne de Green Gables (SRC, 1957), Les deux valses (SRC, 1958) ainsi que dans la dramatique Pauline et Renée de Janette Bertrand dans la série Avec un grand A (RQ, 1989). Dans les émissions pour enfants, on l'a vu dans Les aventures de Rodolphe (SRC, 1956), La boîte à surprise (SRC,1957) en plus de créer le personnage de Mademoiselle Sainte-Bénite dans Grujot et Délicat (SRC, 1968-1971).

Depuis 1982, les dessins de Clémence DesRochers ont été exposés à plusieurs occasions dans de nombreuses galeries au Québec. Les Éditions Chant de mon pays ont publié, en 1983, le recueil de partitions musicales: Les plus belles chansons de Clémence. Hélène Pedneault a publié Notre Clémence, tout l'humour du vrai monde aux Éditions de l'Homme, en 1989.

On peut visiter le site officiel de Clémence Desrochers.

Source

Ce texte biographique a été rédigé par Robert Thérien, chercheur et spécialiste de la chanson québécoise et actualisé par l'équipe de Québec Info Musique.