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Juan Sebastian Larobina

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Juan Sebastian Larobina

Juan Sebastian Larobina

30 novembre 2011 (QIM) – Si on avait dit à La Bolduc qu'un jour un argentin ayant aménagé ses pénates depuis peu dans la Métropole allait réactualiser sa chanson "Ça va venir" en y mettant des paroles espagnoles, elle en aurait peut-être perdu sa turlutte. Il faut être un drôle de moineau pour, sur cet air bien connu, chanter "Consumir, consumir..." (Consommer, consommer, il faut cesser de consommer).

Cet énergumène, c'est Juan Sebastian Larobina, un Argentin au parcours peu banal. Encore enfant, il va se retrouver réfugié au Mexique, fuyant la dictature de son pays. C'est là que plus tard il fera la connaissance d'une Québécoise, qu'il suivra au Québec, non pas à Montréal, mais plutôt en Gaspésie, région natale de la belle.

De passage à l'Anglicane samedi soir dernier Larobina a charmé les audacieux venus découvrir ce latino-gaspésien, comme il aime à se décrire. Il présentait l'essentiel de son quatrième album "Somos" (Nous sommes), paru plus tôt cette année et qui s'est retrouvé en nomination pour le Félix de l'album de l'année catégorie Musique du monde, lors du dernier Gala de l'ADISQ.

Juan Sebastian Larobina a su réaliser un métissage original des folklores du Nord (le Québec) et du Sud (l'autre Amérique). Il a su marier avec succès les rythmes latinos à la podorythmie et à la turlutte, butinant allègrement de la cumbia à la gigue, du reel à la salsa, de la Bolduc à la Bottine souriante. Pour lui, la musique traditionnelle québécoise n'est pas autre chose qu'une musique du monde.

Tout le spectacle est en espagnol, une langue qui au fil des ans nous devient de plus en plus familière. D'ailleurs, ses complices de la soirée – Philippe Leduc à la contrebasse, Rémi Giguère à la guitare, Marton Maderspach aux percussions – chantent eux-aussi dans la langue de Cervantès, comme s'ils étaient des latinos d'origine.

Juan Sebastian Larobina parle peu, ce qui a l'avantage de ne pas briser le rythme du spectacle, qu'il maintient à fond de train du début à la fin avec un enthousiasme communicatif pour ne pas dire contagieux. Car avouons-le, musicalement parlant, Larobina n'est pas un contemplatif. Même "Entre el piso y la alfombra" (Entre le tapis et le plancher) qui aborde le thème délicat du suicide, est une chanson endiablée. Il ne nous aurait pas présenté le sujet que l'on aurait cru que les paroles étaient tout aussi joyeuses que la musique.

Larobina a terminé son spectacle avec en rappel le savoureux "Latino-gaspesiano" avant de se rendre à la sortie saluer ou serrer des mains, comme s'il avait voulu prolonger son plaisir du contact avec son public. Ce qui aura surtout permi aux gens de le remercier pour la belle soirée offerte.